Connu pour le nom donné à l’Hôpital militaire de Talence, Robert Picqué est un médecin-chef français qui prendra la direction de cet ancien hôpital américain en 1919. La stèle présente sur la commune de Marcheprime garde le souvenir de l’accident qui conduira à son décès.
La stèle se situe en plein champ à proximité de l’allée de Péchicard qui suit le ruisseau de la Possession à l’endroit où il sera très gravement blessé le 1er juin 1927 suite à une avarie sur l’avion qui le transportait.
Aviation sanitaire militaire
Alors qu’il a pris la direction de l’hôpital militaire de Talence, il développe le transport sanitaire par avion comme cela se pratique dans les colonies françaises pour réduire les temps d’acheminement. Il dispose ainsi de deux avions que le colonel Felix Marie, qui commande la base d’aviation de Cazaux lui a affecté.
Un jour de tempête
Le 1er juin 1927, le général Marie l’informe que l’épouse d’un pilote de la base de Cazaux, le capitaine Cormier, est atteinte d’une hémorragie interne critique. Robert Picqué face à l’urgence souhaite l’acheminer en avion jusqu’à l’hôpital de Talence où tout est prévu pour traiter ce genre de cas.
Ce jour là, la tempête fait rage. Les conditions de vol sont catastrophiques et le Breguet 14Tbis qui doit être utilisé se montre inadapté à ce genre de conditions. Le pilote, le lieutenant Goegel, se refuse à partir dans de telles conditions mais finalement Robert Picqué arrive à le convaincre mais ce sera avec des Hanriots. Informé à 16h de la situation, il arrive à Cazaux en début de soirée. Ce sont finalement trois avions qui partent vers 19h dont un piloté par le mari de la souffrante. Picqué qui vole avec l’adjudant Godmer doit faire face à une avarie sur son avion. Des flammes sortent de la carlingue où est il installé. Il s’extrait du cockpit pour éviter d’être brûlé. Godmer tente de poser l’avions en amorçant la descente mais Picqué n’arrive pas à se tenir sur la carlingue et tombe au sol. Il fait une chute de 80m et passe à travers les arbres. On supposera que c’est une asphyxie qui le conduira à lâcher prise.
Les avions arrivent tant bien que mal à atterrir. L’avion sanitaire se pose puis c’est celui du capitaine Cormier qui se brise mais sans mal pour le pilote. Celui de Goegel et Picqué avait lui aussi réussi à se poser sans mal.
Robert Picqué est encore en vie mais souffre de graves blessures à la colonne vertébrale ainsi que de contusions sur tout le corps après avoir traversé des arbres. Sa chute est due au syndrome de Tabès qui fait suite à une Syphilis mal soignée et qui se traduit par une absence de coordination des membres.
Il est transporté jusqu’à l’hôpital des armées à Talence dans le coma mais décède de ces blessures. Pour ses compagnons, les blessures sont légères et l’épouse de Cormier sera opérée et sauvée.
Le 3 juin 1927, la petite Gironde relate l’accident et rapporte les faits supposés de l’accident.
Son corps sera acheminé par chemin de fer jusqu’à Paris après une cérémonie religieuse à Talence le 7 juin au matin en présence des autorités religieuses, militaires et municipales. Il est inhumé le 8 juin au cimetière du Père Lachaise.
Stèles commémoratives
En réalité ce sont deux stèles qui témoigneront de cet évènement. La première est installée dans l’enceinte de l’hôpital Robert Picqué et la seconde à Marcheprime.
C’est ainsi en 1928, qu’un hommage est rendu à Marcheprime par les autorités militaires, représentées par le général Félix Marie, le médecin général Brugère, directeur de Santé Navale, le docteur Guillermain, ancien assistant de Picqué, et le lieutenant Godmer, ainsi que de nombreux autres officiels des garnisons concernées. Le professeur Sigalas, doyen de la faculté de médecine est également présent. Se joignent à cette commémoration le maire et le conseil municipal de marcheprise ainsi que de nombreux anciens combattants.
La stèle reçoit la mention « tombé glorieusement », qui en regard des circonstances pourra faire sourire. Mais c’est l’abnégation de Robert Picqué, véritable promoteur du rapatriement sanitaire en avion en métropole qui est saluée ici.
Bibliographie