Le mystère des « murailles » du Cours de la Martinique

Le Cours de la Martinique est une avenue un peu oubliée entre la Cité Mondiale et le Cours du Médoc. Sa construction achevée au tout début du XXe siècle a laissé un paysage avec un certain goût d’inachevé. Véritable trouée sur une façade des quais harmonieuse, il devait faciliter la circulation depuis les quais des Chartrons vers le centre de la ville.

Un matin du mois d’août, je fus interpellé par un groupe de visiteurs, des « touristes », qui se demandaient quel était ce monument qu’ils ne trouvaient sur aucun guide. A l’entrée du Cours de la Martinique se présente une façade plutôt monolithique soutenue par des contreforts massifs. Cette architecture, très loin d’être élégante rappelle certaines constructions médiévales. Il suffit d’être allé quelques jours auparavant à Saint-Emilion pour y voir ici un vestige ancien.

Ce mystère s’efface très rapidement quand on s’intéresse au développement de la ville de Bordeaux, aspiré en amont du fleuve pendant toute la période médiévale. Il faudra attendre le développement du commerce triangulaire, celui du vin et des négociants pour trouver sur la partie aval du centre historique de telles constructions. Entrepôts et chais s’y développent le long du port.

En 1866, comme nous l’avons vu dans un billet précédent, le port entame son pic d’activité. Les puissants négociants et commerçants de Bordeaux se plaignent de n’avoir que peu de portes ouvertes du port vers l’intérieur de la ville au niveau des Chartrons. Entre le Cours du Médoc et le Cours Xavier Arnozan, on ne trouve que quelques ruelles.

Il est alors décidé en 1896 de percer un nouvel axe à la place de trois petites ruelles et de faire une véritable pénétrante vers le Cours Portal (inaugurée en 1907). De nombreuses maisons sont détruites et l’immeuble du 59 cours des Chartrons est littéralement coupé en deux. C’est l’un des plus hauts de cette portions des quais et la disposition en « château de carte » du bâti de cette époque impose certaines contraintes. L’immeuble menace de s’écrouler. De grands contreforts et un mur de soutènement sont construit à sa base pour le renforcer. On peut d’ailleurs clairement les distinguer dans des photos aériennes à haute résolution effectuées en 1924 (source Geoportail).

Selon certaines sources, des bombardements pendant la seconde guerre mondiale, aurait été à l’origine de ces renforts. Dans les faits ils n’en est rien même si certaines améliorations semblent plus récentes. Avec son bâti en moellons, le mur de soutènement reprend une architecture courante entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Cette structure se retrouve notamment le long des lignes de chemin de fer de la ville datant de cette époque.

 

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