A la fin du XIXe siècle, sur l’ensemble de la métropole bordelaise on retrouvait une activité agricole très active et une viticulture omniprésente. Partout où nous retrouvons désormais immeubles et quartiers résidentiels, des exploitation agricoles produisaient légumes, viande, volailles et bien entendu du vin. Dans son ouvrage « Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite », Ch. Cocks éditait annuellement un inventaire précis des niveaux de production des propriétés des communes de Gironde et notamment de Bègles.
Il est bien difficile d’imaginer aujourd’hui l’ancienne commune de Noël Mamère faisant la part belle aux champs cultivés, aux parcelles viticoles et aux enclos d’élevage tant l’urbanisation à défiguré la commune. Le Parc de Mussonville, propriété alors du Petit Séminaire était en partie utilisé pour un usage agricole. Aujourd’hui rares sont ces parcelles de verdure qui sont restées immaculées, le domaine de Mussonville étant lui même rogné année après année. Les vins qui sont produits sur la commune ne sont cependant pas les meilleurs. Les vins de Palus ne peuvent rivaliser avec les grands crus du Médoc, du Libournais ou de l’Entre-deux-Mers.
Regroupées sous l’appellation « Graves », trois propriétés produisaient jusqu’au début du XXe siècle du vin sur la commune de Bègles : le Château de Francs, le Château de Tartifume et le Domaine de Mussonville (Petit Séminaire de Bordeaux)
Les traces de cette activité passée ont été gommées progressivement après la crise du Phylloxera (à partir de 1863) puis par les aménagements urbains et routiers réalisés depuis les années 50. La construction de la rocade et de ses bretelles ont réduit considérablement les espaces naturels et il faut désormais se tourner vers le centre commercial Rives d’Arcins pour y trouver le dernier témoignage béglais, accessible dans l’espace public, de ce passé viticole (Le château de Franc est une propriété privée).
Jusqu’en 1960, on retrouvait à l’emplacement du Centre Commercial Rives d’Arcins, un vaste domaine composé d’une chartreuse du XIXe siècle et de plusieurs hectares de terres. Le château détruit en partie par les allemands est alors rasé. Il laissera le champ libre à la création d’une zone d’activités commerciales.
Sur le parvis du restaurant Pavillon Garonne, on retrouve encore deux gardes-corps qui entourent une descente d’escalier vers le lit de la Garonne. Un anneau encore présent permettait d’amarrer les gabares. Cet ancien quai d’embarquement du Château de Tartifume, témoigne de cette architecture viticole qui bordait les rives de la Garonne jusqu’au début du XXe siècle. Selon certains sources ce quai daterait du XVe siècle. Composé de deux rampes parallèles entourant un escalier il permettait de faire rouler les barriques jusqu’à leur embarquement. Un petit jardin a été construit avec l’aménagement du centre commercial dans son alignement.
On retrouve les mêmes types d’équipement sur l’autre rive, à proximité des nombreuses Chartreuses de la rive droite, témoins d’anciennes propriétés viticoles. La Chartreuse de Valrose à Latresne est l’une des plus belles.