La révolution industrielle changea en profondeur le paysage des villes avec le développement d’industries plus performantes. En 1832, les moulins à farine ont vu l’arrivée de la machine à vapeur comme l’opportunité de devenir non seulement autonome par rapport aux débits des cours d’eau mais aussi pour augmenter leur production. Sur les quais de Paludate, à Bordeaux, la mémoire d’un tel ouvrage a été depuis oubliée.
Dans le Bulletin du Musée de l’industrie de 1848 (tome 14), on retrouve un article consacré à la Minoterie et aux évolutions constatées dans le domaine et en particulier des moulins à vapeur. L’usine de Paludate est ainsi décrite comme ayant profité d’un avantage celui de réutiliser l’énergie produite par ses fours à coke pour alimenter grâce à la vapeur produite un moulin à grain. Pour autant le bilan reste selon ce rapport peu enviable puisque la puissance restituée semble avoir été insuffisante pour moudre du blé. Le système mis en place par l’ingénieur-mécanicien M. Clavières ne semble donc pas avoir porté ses fruits, tout au moins dans un premier temps.
Cette première expérimentation qui semble avoir débuté en 1832 a eu des suites.
Le recueil des Actes de l’académie des sciences et belles lettre de Bordeaux est plus précis dans son édition de 1849. M. Manès y propose un article intitulé « Etudes sur les moyens de procurer la vie à bon marché ». Il expose la situation de la consommation de farine en Gironde et fait un focus sur les moulins en service à cette époque. En 1835, le département compte environ 600 moulins à vent en activité, 1000 à eau et commence à s’équiper de moulins à vapeur. Les moulins à eau doivent subir très régulièrement des chômages en raison des conditions variable d’écoulement des eaux.
Le Moulin de Sainte-Croix a mis en oeuvre une alimentation par la vapeur qui lui a permis de doubler sa production annuelle. Mais le chemin a été long car l’introduction des premiers moulins à vapeur entre 1832 et 1836 s’est accompagnée d’un certain nombre de problèmes techniques en dépit de la promesse d’éviter les conséquences des sécheresses et de la baisse de débit des esteys.
Quatre moulins à vapeur furent construits pendant cette période mais seul le moulin Stewart, avec ses 6 meules et sa machine de force de 30 ch sera en mesure de maintenir une activité continue. Le moulin Guibert disposait des mêmes caractéristiques, bien plus que le moulin taylor (4 meules/20ch) et le moulin Roux (1 meule/5ch)
Les trois autres, surtout utilisés quand les moulins à eau ne pouvaient fonctionner mettront rapidement la clé sur la porte.
Le moulin Stewart put poursuivre son activité uniquement grâce à sa double activité, celle de produire du coke, utilisé notamment par le Chemin de fer et les bateaux à vapeur, et d’assurer son activité de minoterie. Ses quatre fours à coke lui donnent d’ailleurs un avantage par rapport aux autres moulins à vapeur puisque l’énergie utilisée était « gratuite ». Issue de la récupération de la chaleur des fours, elle offrait un avantage commercial et une démarche durable avant gardiste. Le système mis en oeuvre par l’ingénieur Clavières permettait aussi de faire sécher la farine grâce à la chaleur rayonnante des fours.
La concurrence des courtiers en grain se fit sentir à partir des années 1840/45. Plusieurs d’entre eux virent la belle opportunité d’adjoindre leur activité de courtage en grain à celle de produire de la farine. De nouveaux moulins à vapeur se développèrent vers 1846.
Du moulin de Paludate, l’histoire le gardera surtout en mémoire comme « l’usine de Paludate », preuve que la production de coke aura été la principale activité de cette manufacture. Probablement que les analyses de l’époque, rapportées par Pierre Barnadau (les tablettes, 3 avril 1840) et par Ainé Armangaud dans son ouvrage « Machines outils et appareils » (tome 6, 1848) peuvent expliquer cette réputation.
Bibliographie
Actes de l’acédémie des sciences et belles lettres de Bordeaux, 1849, Éditeur C. Lawalle ( Bordeaux )
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